mercredi 29 juillet 2015

Gusta : Entrevue avec Sylvain Karpinski

Avez-vous entendu parler de Gusta? Il s’agit d’une fabrique de charcuteries, de fromages et de tartinades véganes qui ouvrira le jour à Montréal dans quelques semaines. L’instigateur de cette entreprise, Sylvain Karpinski, mène actuellement une campagne de sociofinancement sur Indiegogo. Moyennant une contribution modeste ou plus généreuse, vous recevrez des saucisses et des fromages véganes à votre porte, où que vous soyez dans le monde, et participerez ainsi au succès de Gusta, une entreprise éthique!

Sylvain Karpinski


1.  Bonjour Sylvain, et merci d’avoir accepté de répondre à mes questions. Vous êtes végétalien depuis plus de 10 ans. Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à changer d’alimentation au départ?

Bonjour et merci à vous!

Ça a commencé vers mes 18 ans, à l’époque où je faisais passablement de course à pied. J’avais lu un article de diététique sportive qui préconisait un régime végétarien pour favoriser une meilleure récupération. Ça m’a inspiré un mois sans viande, qui s’est fort bien passé d’ailleurs. C’est aussi l’époque où je commençais à me poser de sérieuses questions sur le sens de la vie. J’ai commencé à lire des articles traitant d’éthique animale et d’environnement. Tout cela venait toucher très directement mes valeurs fondamentales qui sont l’amour, la paix et l’harmonie. J’ai donc décidé de poursuivre sur la voie d’un végétarisme pleinement assumé. S’en est suivi une période de transition graduelle et naturelle d’une année vers le véganisme. C’est vers la fin 2005 que je me suis dit : ah, il me semble que je suis végétalien maintenant!

Maintenant, j’aime dire qu’étant donné que j’ai la chance de vivre dans une société qui me permet de manger des produits sains et diversifiés, je n’ai aucune bonne raison de cautionner l’exploitation, et même l’assassinat d’animaux pour le simple plaisir de mes papilles gustatives, le tout en contribuant à la destruction de notre environnement. Le véganisme a bien meilleur goût!


2. Avez-vous déjà travaillé dans le domaine de l’alimentation et de la restauration? Qu’est-ce qui vous motive à y faire carrière?

Cela fait une année que je travaille à temps plein sur le projet de Gusta et sur le développement de ses produits. Sinon, je cumule 10 ans d’expérience comme cuisinier amateur à domicile, comme une bonne partie des véganes, j'imagine! Cela fait aussi de nombreuses années que mon côté foodie végane est actif, à sillonner les grandes villes d’Europe, d’Amérique du Nord et latine, toujours à la recherche des bons spots végé.

Mis à part ça, j’ai depuis longtemps le rêve d’un jour ouvrir un restaurant végane pour y servir de la bonne grosse bouffe. Gusta est le fruit de ma volonté de contribuer à bâtir un monde meilleur, plus harmonieux et plus vert, combiné à mon esprit d’entrepreneur.

  


3.    Le marché des simili-viandes et fauxmages n’est plus ce qu’il était il y a 10 ans. Bien qu’il reste encore du chemin à faire, les consommateurs ont maintenant beaucoup plus de choix. Comment entendez-vous vous démarquer de la concurrence?

Effectivement, on trouve assez facilement des produits végétariens « simili » de nos jours. Par contre, la vaste majorité de ces produits sont importés de la côte ouest américaine. Même Yves, qu’on retrouve probablement le plus, est détenue par une compagnie américaine.

Le gros avantage des produits Gusta est qu’ils seront produits localement, en encourageant les producteurs locaux le plus possible, en plus de véhiculer de fortes valeurs environnementales et sociales.

Mais avant tout, Gusta va fabriquer des aliments authentiques et sans prétention, des produits savoureux au possible. Selon les tests gustatifs qu’on a faits durant l’étude de marché, nos produits ont été préférés à ceux de la concurrence.


4. Comment vous y prendrez-vous pour attirer des clients de tous horizons et séduire ceux qui ne sont pas véganes?

Les flexitariens et foodies pourront se régaler avec des nouveaux produits aux saveurs riches et authentiques. Comme me faisait remarquer un bon ami omnivore, il préférerait acheter les saucisses Gusta à des saucisses à hot dog, simplement parce qu’elles ont meilleur goût.

Les personnes recherchant des aliments sains et nutritionnellement riches seront comblées. Idem pour celles et ceux souffrant d’allergies à certains produits, comme le lactose ou le soya.

Gusta veut également produire des aliments qui seront abordables : les personnes recherchant des aliments économiques, mais néanmoins sains et bons, pourront compter sur nous.


 5.    Pourquoi avez-vous choisi de vous établir au marché Jean-Talon?

Le marché Jean-Talon est situé entre quatre quartiers merveilleux et en pleine effervescence : Rosemont, Villeray, Mile-Ex et Parc-Ex. On y trouve du beau monde, mais très peu de restos végés.

Aussi, je tenais beaucoup au concept de la boutique intégrée à la fabrique. Le marché lui-même offre une fantastique vitrine pour nos produits. On en aura besoin pour nous faire connaître dans les premiers temps. Ça sera également sympathique et pratique d’avoir des producteurs locaux sous la main.

  

6. Hormis les produits Gusta, quels aliments pourrons-nous nous procurer à la fabrique? J’ai lu que la talentueuse Rose Madeleine y vendrait peut-être des pâtisseries...

J’aimerais offrir toute une gamme de produits complémentaires aux nôtres, véganes et locaux : des fromages de noix, des jus, des pâtisseries à fondre debout, etc. Le tout va gentiment se placer au cours des prochains mois.


 7. Que rétorquez-vous aux gens qui ont une dent contre les imitations (saucisses végé, fromage sans produits laitiers, etc.)?

Je ne suis pas un grand fan des imitations de produits carnés et autres, je ne vois pas tellement l’intérêt de vouloir le faire. Par contre, j’aime l’idée d’explorer ce que les végétaux peuvent nous offrir. C’est ce que je fais avec Gusta : exploiter au maximum la puissance végétale.

Dans le même ordre d’idée, je n’aime pas le fait que les cylindres protéinés soient une exclusivité des produits à base de viande. Du seitan grillé, ça goûte un peu le poulet, soi-disant. On pourrait plutôt dire que le poulet, tout comme la protéine de soya, goûte la protéine grillée, il me semble.

C’est donc décomplexé par rapport aux produits d’origine animale et sans prétention que je m’amuse à créer des saucissons végétaux appétissants, avec des textures agréables et composés que d’ingrédients naturels.

Pour les fromages, c’est vrai que je cherche à créer un ingrédient végane qui puisse faire la job dans la préparation de nombreux plats à valeur culturelle très forte, comme les pizzas et autres plats gratinés. L’aspect « simili » ici est probablement plus vrai : on veut quelque chose qui fonde et qui gratine. Par contre, je ne veux pas à recréer le petit goût lacté des fromages de lait de vache, qui personnellement me lève le cœur. Je recherche un goût toujours authentique et agréable.

Certains termes alimentaires ont un monopole, d’autres pas. On parle par exemple de beurre d’amande ou de lait de coco, mais on ne peut pas parler de beurre ou lait végétaux. On peut parler de vin de raisin, mais aussi de vin d’orge (type de bière). J’espère qu’un jour, on pourra librement parler de fromage et saucisses véganes comme étant des aliments propres à eux.

  

 8. Parlez-nous un peu d’un des produits Gusta que vous avez le plus hâte de faire découvrir aux consommateurs.

Il semblerait de notre fromage à gratiner, version forte, soit très apprécié du public, y compris chez les omnivores. Mais personnellement, j’ai très hâte de pouvoir explorer davantage les produits fumés, comme des authentiques « jerkies » véganes. En effet, on aura un fumoir dans la fabrique, on pourra donc réellement fumer des produits, y ajouter des arômes quelconques. Ça va être malade J

J’ai également hâte de développer plein d’autres produits, qu’ils soient saisonniers ou distribués dans les épiceries. J’aimerais également faire participer les fidèles de Gusta à ce développement, avec des panels tests de dégustation. J’ai le sentiment qu’on va bien s’amuser.


 9. Quel est votre repas préféré?

S’il y en avait qu’un, la vie serait un peu moins savoureuse. Je vais y aller avec mon top 3 du moment :

Veggie burger
Pâtes au pesto
Poutine végane


10.  Que pouvez-vous nous dire pour nous convaincre de participer à votre campagne de sociofinancement? Qu’est-ce que nous avons à y gagner?

Je pense que les Montréalais, et les Québécois en général, pourront être fiers d’avoir contribué au lancement de la première fabrique végane du genre par chez eux. Même si le projet est principalement composé du volet fabrique de production pour la vente au détail, l’idée de la boutique/comptoir risque de plaire à beaucoup de foodies et véganes. On pourra non seulement y trouver des produits saisonniers, en petite quantité, avec possibilité d’acheter en vrac, mais surtout on pourra y manger des bons gros plats réconfortants. On pense aussi à l’idée de servir des petits-déjeuners, mais c’est encore un secret.

L’aspect intéressant pour les contributeurs est qu’ils reçoivent de la bouffe en échange de leur contribution, avant même que les produits ne soient disponibles dans les épiceries, en plus de jouer un rôle crucial dans la réalisation du projet.

Les plus motivés peuvent se voir créer un produit personnalisé, à leur goût. Ça pourrait peut-être intéresser certaines compagnies, dans le cadre d’une fête ou d’un autre événement qui implique de la nourriture.


Pour contribuer sur Indiegogo : http://igg.me/at/gusta
Site Internet de Gusta  : http://gustafoods.com

5 commentaires:

  1. Merci pour cet entretien ! Il a une bonne tête ce chef... et les photos sont magnifiques ! C'est une super idée que de rencontrer ces gens qui sont source d'inspiration. merci encore !

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    1. @ Green Expat
      Oui, on voit que tout a été développé avec soin et avec goût, les photos sont hyper tentantes. Vas-tu te laisser tenter et faire livrer chez toi, ou si tu viendras plutôt faire un tour au Canada? =)

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  2. Merci Babette pour cette super entrevue. Vraiment une chouette entreprise fort prometteuse. Si ça continue ainsi, Montréal sera désignée la ville végan par excellence !!! Super, un autre bel ajout à votre éventail déjà bien garni.

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    1. Je pense que Montréal peut se péter les bretelles!

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